Impact sur les enfants

Selon les pédopsychiatres, les enfants ne voient pas à la télévision la même chose que les adultes et cela peut engendrer certains troubles :

  • difficultés à s'endormir ;
  • cauchemars ;
  • angoisses ;
  • banalisation de la violence ;
  • agressivité.

Au-delà du traumatisme premier que certaines images peuvent provoquer chez l'enfant, des recherches menées sur l'impact des programmes violents montrent que la violence télévisuelle influence de manière plus profonde les enfants, les adolescents et même les adultes. L'impact est évidemment plus marqué sur les personnes qui ont de moins grandes capacités de distanciation et donc en particulier les mineurs.

D. Courbet qui a réalisé la synthèse de multiples recherches sur le sujet (« L'influence des programmes télévisuels violents sur les enfants et les adultes », Note de synthèse, Université d'Aix-Marseille, Institut de Recherche en Sciences de l'Information et de la Communication IRSIC) note qu'il existe différents processus d'influence qui peuvent opérer seul ou en interaction :


 
  • Premier processus : le transfert d'excitation (Zilmann, 1991)

    Chez la plupart des individus, regarder un programme humoristique, violent ou érotique, conduit à notamment ressentir à court terme de l'excitation. L'excitation est conçue comme des réponses physiologiques non spécifiques générées par la télévision. Cette excitation sera ensuite interprétée par l'esprit en fonction soit du programme lui-même, soit du contexte social dans lequel se trouve l'individu. Ainsi, immédiatement après le visionnage d'un film qui excite, l'individu est prédisposé pendant un temps très court soit à rire facilement si le contexte dans lequel il se trouve est gai, soit à être violent si le contexte dans lequel l'individu se trouve est hostile. De la même manière, si l'individu a, lui-même, plus souvent que la moyenne des comportements violents, cette excitation se transformera plus facilement en violence.

  • Deuxième processus : l'amorçage cognitif (Jo and Berkowitz, 1994)

    La violence dans les médias peut amorcer des pensées agressives à court terme et activer le « programme-schème moteur » de l'action agressive. L'amorçage rend en conséquence plus probable le comportement agressif. Certains auteurs pensent que, s'il se répète, l'amorçage peut avoir des effets à long terme sur le renforcement des représentations et des schèmes-moteurs agressifs en mémoire (Bargh, 1984).

  • Troisième processus : Imitation à court terme et effet d'apprentissage et de modelage à long terme (Bandura)

    Il faut distinguer l'imitation que l'on observe chez les enfants dans le cadre d'un jeu de l'imitation réalisée en dehors d'un jeu. Si dans les deux cas l'enfant refait ce qu'il a pu voir, dans le jeu, l'enfant a conscience de jouer et imite un héros violent de façon ludique. Le deuxième type d'imitation est différent puisqu'il consiste en un apprentissage de la violence pour régler certains problèmes dans de réelles situations de conflit. Il faut indiquer que l'effet de modelage et d'apprentissage est surtout observable chez les enfants qui commettent déjà plus souvent que la moyenne des actes agressifs. L'enfant va alors résoudre un problème par des comportements violents. Dans le cas de l'effet de modelage, les représentation agressives et les actes violents peuvent devenir des habitudes chez l'enfant.

  • Quatrième processus : la désinhibition à long terme

    A force d'être exposé à des programmes violents, les individus perçoivent la violence comme étant moins interdite socialement. Elle est perçue comme étant plus légitime. Les individus tolèrent mieux son utilisation dans la vie quotidienne car on ne trouve pas systématiquement de sanctions sociales de cette violence ou du héros violent à la télévision.

  • Cinquième processus : la désensibilisation

    Le processus de désensibilisation a été surtout observé chez les enfants. Lorsque l'enfant voit des comportements violents chez les autres enfants ou chez les adultes, il a tendance à davantage accepter cette violence dans la vie quotidienne. Plus les enfants regardent de la violence à la télévision et plus ils ont tendance à moins réagir émotionnellement aux comportements violents des autres. Ce phénomène « d'accoutumance » conduit souvent les enfants à demander de plus en plus de violence dans les fictions. Bien qu'on ait peu de travaux sur ce thème, on a montré que lorsque des enfants de huit ans sont témoins d'une bagarre entre enfants, plus ils regardent la télévision et plus ils demandent tardivement l'aide d'un adulte pour séparer les enfants bagarreurs. Le processus de désensibilisation a également été observé sur la diminution des réponses émotionnelles mesurées à l'aide d'indices physiologiques et corporels : plus les personnes regardent de la violence et moins elles émettent de réactions émotionnelles.

En janvier 2013, l'Académie des sciences, en France, a publié un avis consensuel (« L'enfant et les écrans », un Avis de l'Académie des sciences, rédigé par Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna et Serge Tisseron - Editions le Pommier, 272 pages), qui aborde notamment la question de la violence dans les contenus audiovisuels :

« Il y a plus de cinquante ans, le premier rapport sur les relations de l'enfant et de la télévision notait l'influence de la télévision « sur la conception que les enfants se font du travail et de la réussite sociale ». Depuis, de nombreux travaux ont précisé à la fois la réalité de cette influence des images sur nos représentations et nos comportements, mais aussi ses conditions et ses limites. La réponse s'est précisée, mais elle a peu varié : selon ce qu'elles représentent, les images peuvent contribuer, chez certains spectateurs et sous certaines conditions, à inhiber les conduites d'entraide et de coopération dans les relations sociales… ou à les augmenter. L'effort de prévention doit être précoce et associer la mise en garde des usagers, l'éducation aux valeurs d'entraide et de solidarité et la mise en place des programmes télévisuels et de jeux vidéo valorisant les activités pro sociales. »

L'Académie des sciences préconise ainsi une prévention multiple, ciblée et adaptée aux âges de l'enfant et livre dans son avis les recommandations suivantes :

  • « Il est très souhaitable de respecter les âges indiqués pour les programmes et les jeux vidéo. »
  • « En même temps, le dialogue en famille qui permet à l'enfant de donner du sens à ce qu'il a vu et éprouvé est indispensable, ainsi que la valorisation de la compassion et de la solidarité. »
  • « Le journal télévisé est à éviter avant six ans et doit s'assortir au début d'un accompagnement parental. »
  • « La création de jeux vidéo et d'émissions de télévision valorisant l'entraide et les comportements pro-sociaux doit être encouragée. »
  • « La présence de médiateurs adultes incitant les jeunes à réguler leurs tensions autrement que par la violence doit être soutenue. »
  • « Les programmes de prévention précoce de la violence axés sur le développement de l'empathie, dont l'efficacité a été démontrée, et notamment ceux qui prennent en compte les images vues par les enfants (comme le « Programme des trois figures » destiné aux enfants des maternelles et centré sur les personnages de l'agresseur, de la victime et du redresseur de tort), doivent être développés. »

Au-delà de ces troubles liés au visionnement de contenus audiovisuels particuliers, des risques sérieux de pathologie existent également en amont si l'enfant est exposé à la télévision avant l'âge de 3 ans. En effet, regarder la télévision avant 3 ans, y compris les chaînes présentées comme spécifiquement conçues pour ces enfants, peut entrainer chez ces derniers des troubles du développement tels que passivité, retards de langage, agitation, troubles du sommeil, troubles de la concentration... Il ne s'agit pas ici d'un constat moral ou éthique mais bien clinique sur le développement du bébé. L'intelligence à cet âge est en effet sensorielle et motrice plus que conceptuelle ou imagée. Pour plus d'infos à ce sujet, rendez-vous sur le site de Yapaka.

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